Le délit d’écocide voté par le parlement français : avancée environnementale ou leurre ?

 
En jetant l’ancre dans les herbiers de posidonie, les yachts ravagent ce milieu naturel unique qui tapisse les fonds de Méditerranée, entre la surface et 40 mètres de profondeur. (Photo d’illustration : Marc Ollivier / Ouest-France)

« La posidonie, « c’est la forêt de la Méditerranée, et le mouillage des yachts, c’est comme passer des bulldozers au milieu », s’insurge Marc Verlaque, chercheur à l’Institut méditerranéen d’océanologie d’Aix-Marseille Université, interrogé par l’Agence France Presse. Les plaisanciers « veulent mouiller dans les plus beaux coins du monde, c’est très joli à la surface, mais en dessous, c’est une catastrophe », dénonce-t-il.

https://www.ouest-france.fr/leditiondusoir/data/50637/reader/reader.html#!preferred/1/package/50637/pub/73437/page/8

Ces propos, incipit de notre article, montrent et dénoncent l’inapplication des lois environnementales. Le délit d’écocide voté par le parlement français apparaît-il comme une réelle avancée environnementale ou comme un leurre ? 

Pour certains tenants de mesures radicales visant à préserver l’environnement, cela peut passer comme une coquille vide. Pour d’autres, c’est une avancée incontestable. Le parlement français a voté le délit d’écocide le 5 décembre 2020. Certes, la notion de crime d’écocide n’a pas été retenue mais la responsabilisation des atteintes à l’environnement est désormais actée. Pourtant, pour certains chercheurs comme Grégory Salle, le fait de légiférer (une fois de plus) n’amènera rien concrètement dans la lutte contre la prédation environnementale. « On peut certes relever, après d’autres, qu’en créant deux nouveaux délits, l’un visant la pollution et l’autre la mise en danger de l’environnement, la réforme renonce de fait à criminaliser au sens strict y compris les plus graves atteintes à l’environnement« . 

https://www.lemonde.fr/idees/article/2020/12/02/delit-d-ecocide-les-faux-semblants-de-la-penalisation-du-banditisme-environnemental_6061841_3232.html

En premier lieu, parler de « délit d’écocide » peut apparaître comme un oxymore, si l’on s’en remet au suffixe « cide », issu du verbe latin caedere  qui signifie « frapper, abattre, tuer ». Le législateur semble avoir retenu, sous forme de litote, le premier verbe « frapper ». Et pour cause, selon Grégory Salle, toute loi de protection de l’environnement que l’on voudrait réellement efficace irait en fait à l’encontre de tout notre mode de vie et donc tout le système économique actuel.

« Punir la pollution et la mise en danger délibérée de l’environnement voudrait donc dire, en bout de course, incriminer… l’organisation économique actuelle elle-même.

Et pour cause : le jeu avec les règles environnementales fait partie intégrante de la vie des affaires. Plus encore : c’est notre système économique lui-même qui repose sur la destruction de l’environnement. Celle-ci est inscrite dans la logique motrice du mode de production capitaliste et des couples qu’il génère : productivisme et consumérisme, extractivisme et gaspillage« . (op.citée)

Bref, est-ce un saupoudrage législatif qui, en définitive, ravira les masses et les actionnaires ou sont-ce bien les prémisses d’un monde de demain qui aurait compris les urgences du changement ?

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