Introduction

Brésil : de la Pedra Furada, au bois de braise et à l’émergence

A la différence des pays andins et des civilisations de la Méso-Amérique, les sites précolombiens sont peu nombreux au Brésil. On ne peut pourtant parler du Brésil comme d’un angle mort de l’histoire. Issue des migrations successives de peuples de chasseurs-cueilleurs asiatiques qui auraient traversé le détroit de Bering pris par les glaces, la présence humaine est attestée dés -11 000 sur le site de Lagoa Santa dans le Minas Gerais (Cotrim, 1999). A partir de -4000, des peuples semi-nomades vont constituer la civilisation des « sambaquis », tumulus qui pouvaient atteindre trente mètres de haut dans lesquels on enterrait les morts. A partir de – 2000, la civilisation Tupi va se caractériser par une sédentarisation progressive des peuples qui la composent, ainsi que la fabrication de céramiques. D’autres sociétés vont se structurer plus loin des littoraux, dans la lointaine Amazonie, fondant des cités mythiques comme celle de Kuhikugu, dont la quête coûtera la vie au colonel Fawcett (Michael J. Heckenberger in Scientific american). En 1971, l’archéologue brésilienne Niède Guidon, dans le cadre de recherches financées par la coopération française, va émettre l’hypothèse d’une présence humaine dès -45000 sur le site de Pedra Furada, dans l’Etat du Piaui. Malgré les datations au carbone 14, cette théorie reste sujette à de nombreuses controverses. Une certitude s’impose chez les chercheurs des différentes disciplines : les territoires conquis par les Portugais étaient plus peuplés que ceux du royaume du Portugal. La présence amérindienne a été estimée à 5 millions d’hommes lors de l’arrivée des conquérants européens. Les Européens vont classer les sociétés brésiliennes précolombiennes en deux groupes : les Tupis et les Tapuias. Le groupe Tupi a été le plus étudié et le plus connu des indigènes brésiliens, sans doute parce que sa présence près des côtes a coïncidé avec celle des colons européens, favorisant les interactions, les échanges de biens et les échanges de coups. Les Tapuias, qui parlaient des idiomes du tronc linguistique macro-gê, et vivaient dans des zones reculées, vont être souvent considérés comme des peuples barbares, par opposition aux Tupis, plus proches de la « civilisation » et qui vont être intégrés au projet utopique des missions  jésuites (Monteiro 2001 cf pdf TUPIS, TAPUIAS E HISTORIADORES, Estudos de História Indígena e do Indigenismo).