Le projet Itaborai, où quand l’économie s’arrête…

L’ex-président brésilien Lula est certainement la victime collatérale la plus connue du scandale Petrobras. Pourtant, l’Etat de Rio conserve d’autres stigmates spectaculaires des vicissitudes des cours pétroliers et des problèmes de gouvernance de l’ancienne compagnie nationale pétrolière. Un gigantesque projet de raffinerie prés de la ville d’Itaborai initié en grande pompe en 2013 devait, à terme, employer plus de 35 000 personnes. La région elle-même devait créer plus de 200 000 emplois nouveaux, grâce à ce projet-phare des gouvernements Lula et Rousseff. Pourtant, aujourd’hui, seuls quelques centaines d’employés travaillent sur la maintenance du projet abandonné, alors qu’il était réalisé à plus de 80% et avait d’ores et déjà coûté plus de 13 milliards de dollars d’investissement. La compagnie pétrolière, empêtrée dans un scandale de pots de vin et de détournement de fonds de plus de 4 milliards de dollars, a dû réviser sa politique d’investissement.

Après le scandale du

AFP PHOTO/VANDERLEI ALMEIDA

Aujourd’hui, de ce projet pharaonique qui devait accompagner l’émergence du Brésil en exploitant les gisements gaziers et pétroliers off-shore dits « pré-sal », il ne reste qu’une ville-fantôme, dévastée et qui semble groggy.

« le traumatisme est d’autant plus profond que l’expansion a été, durant quelques années, phénoménale. L’immobilier flambait, la main-d’oeuvre affluait de partout, attirée par des salaires mirobolants. Entre 2006 et 2013, la population a crû de 21%. Et puis la fièvre de l’or noir est retombée. « 

« Pour les habitants, le réveil a été brutal, raconte Ricardo Pestana, président de la chambre des dirigeants de magasins. Des centaines de sociétés s’étaient créées: ingénierie, fabrication de composants… Lorsque Petrobras a eu ses problèmes, la plupart des fournisseurs ont fait faillite. Aujourd’hui, la ville compte plus de 4000 bureaux vides. » http://www.lexpress.fr/actualite/monde/amerique-sud/itaborai-ville-fantome-victime-du-bresil-megalomane_1818072.html

Le chômage est omniprésent. La situation des anciens ouvriers est souvent catastrophique. « Les factures s’accumulent, se plaint Alexandre Perreira, nettoyeur de chantier au chômage. Ma femme m’appelle deux fois par jour pour que je lui verse la pension de mon fils, mais je n’ai plus rien. Je ne peux même pas payer ses fournitures scolaires. Le syndicat nous donne du riz et des haricots, rien d’autre. » Chaque matin, il se lève à 4 heures, comme à l’époque où il travaillait au Comperj. « Comme ça, je n’aurai pas de mal à retrouver le rythme, le jour où les travaux reprendront! » (op.citée).

Seule lueur d’espoir, Petrobras a signé il y a quelques jours un contrat avec une compagnie gazière chinoise pour mettre en fonction sur le site une unité de production de gaz. Les plus fidèles soutiens à l’ancien président y verront l’espoir d’une renaissance. Pour les autres, c’est au contraire l’expression finale du marasme d’une politique qui n’aura eu de cesse que de d’auto-entretenir.

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