Dans le Minas Gerais, à quelques 120 kms de BH, se trouve un lieu d’exception : le sanctuaire de Caraça. Au cœur de la Serra d’Espinhaço qui culmine à plus de 2000 mètres d’altitude, ce site, comme son nom l’indique, a d’abord été et est toujours un espace de méditation et de prières. La beauté sauvage des paysages et l’isolement du lieu attirent les hommes en quête de spiritualité et les amoureux de la nature depuis plus de deux siècles.
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Néanmoins, de plus en plus de visiteurs y viennent pour observer un spectacle exceptionnel : la visite nocturne des loups à crinière qui viennent manger sur le parvis de l’église en toute liberté. Ces magnifiques canidés des cerrados en voie d’extinction, ont ainsi pris l’habitude de se sustenter à quelques mètres des nombreux bipèdes curieux devant tant d’audace. Ces loups à crinière ou Chrysocyon brachyurus, sont des canidés farouches (quiu en fait ce ne sont pas des loups du genre canis lupus mais ) qui sont devenus des hôtes réguliers après que le père Tobias, en 1982, ait eu l’idée de nourrir ces visiteurs qui s’en prenaient surtout aux poubelles. Les plats de viande laissés, à « l’heure du loup » sur le perron n’ont rien changé à leur habitude alimentaire, et les chrysocyons laissent quelquefois les touristes « sur leur faim », mais dans un lieu d’une quiétude magique, qui à elle seule vaut le détour.
source : www.atlasobscura.com/places/maned-wolves-of-santuario-do-caraca
Aujourd’hui, de nombreux « concurrents » disputent aux loups à crinière les plats laissés par les techniciens du sanctuaire. Un couple de tapirs, pourtant herbivores, des chiens de brousse (cachorros da mata), des jaguarondi, une mouffette s’associent quelquefois à ces festivités nocturnes. (Lobos-guarás têm que dividir espaço de refeição)
On y vient également pour l’immense richesse des lieux en termes de biodiversité et de paysages. La situation de cette zone remarquable de plus de 11 000 hectares dans un espace de transition entre forêt atlantique et cerrados, qui s’apparentent à une savane, entre 700 et plus de 2000 mètres d’altitude, a permis la juxtaposition d’écosystèmes très différents. Toutes ces vertus, géologiques, paysagères, faunistiques et floristiques ont été « consacrées » par la création du Parc Naturel de Caraça (RPPM ou Réserve privée du patrimoine naturel). Les visiteurs, randonneurs accomplis ou marcheurs occasionnels, pourront y pratiquer un écotourisme à leur goût et adapté à leur niveau physique.
La journée, de nombreuses promenades peuvent se faire avec ou sans guide. 7 pics de la montagne de Caraça approchent ou dépassent 2000 mètres. Le recours à des guides dûment inscrits au registre local est nécessaire pour les marches en montagnes. Des cascades, des piscines naturelles, des variations des espaces naturels entre trois types de végétation (forêt atlantique de l’intérieur, Cerrado et savanes d’Altitude, prédominantes a partir de 1300m d’altitude), des reliefs variés (marche, grimpe) font du parc un site d’écotourisme privilégié. Certains sites, comme le « bain de l’empereur », piscine naturelle où Pedro II était venu se baigner, sont accessibles à partir du complexe du sanctuaire. Pour d’autres, le plaisir se mérite au bout d’efforts de plusieurs heures.
La flore y est exceptionnelle. La biodiversité floristique se caractérise par les végétations de savanes des cerrados et les biomasses forestières de la forêt atlantique. Les végétations des Cerrados sont subdivisées en « campos limpos » (littéralement champs propres), « campos sujos » (champs sales) et champs rupestres. Les forêts sont également très diversifiés (forêt galerie, ripisylve autour des cours d’eau, forêt de piémont ou mata de encosta). On trouve plus de 1000 espèces d’angiospermes, dont une grande variété d’orchidées et de broméliacées, et plus de 200 variétés de ptéridophytes. Le parc abrite plus de 80 espèces floristiques menacées d’extinction et des espèces endémiques des savanes rupestres.
La faune est également exceptionnelle. On y trouve 42 espèces de reptiles, 57 espèces d’amphibiens, 400 espèces d’oiseaux qui en font un site majeur d’observation et de recherche ornithologiques et enfin près de 80 espèces de mammifères dont certaines en danger critique d’extinction selon l’UICN. Hormis l’espèce emblématique des lieux, le loup à crinière, le puma (onça parda ou suçuarana), l’ocelot, le tapir, le jaguarundi, le tatou, le pécari, le tamanoir font partie du riche bestiaire du parc
Enfin, l’histoire n’y est également pas en reste. C’est ce dénuement christique que recherchait l’empereur Pedro II lorsqu’il se rendait dans le monastère fondé en 1770 par le religieux portugais. Le frère Lourenço avait choisi ce lieu isolé pour y construire la chapelle de Nossa Senhora dos homens, de style baroque. En 1820, Le roi du Portugal, Jean VI, donna l’ensemble de la possession de Lourenço, que celui-ci avait cédé en héritage à la couronne portugaise, aux frères lazaristes portugais. Ceux-ci entreprirent alors la construction d’une école et d’un séminaire. Ce collège allait former, jusqu’à sa fermeture en 1968, un grand nombre de personnalités politiques et économiques du Brésil dont deux présidents de la république. A l’étroit dans l’ancienne chapelle construite par le frère Lourenço, les frères lazaristes construisirent sur le même site en 1883 la première église de style néogothique du pays. De cet ensemble, on peut encore voir aujourd’hui les ruines du collège restaurées après l’incendie de 1968, l’église néogothique, le cloître et les catacombes. Les amateurs d’histoire pourront visiter la bibliothèque et le musée qui contient des objets du sanctuaire depuis sa création, dont le lit où l’empereur Dom Pedro II avait dormi.
Les hébergements en ces lieux sont simples et agréables, à l’image de la cuisine mineira servie aux hôtes.
Un site constitué d’articles bien choisis qui permettent de mieux comprendre ce pays vaste et complexe.
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Merci Beatrice
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