Quelles seront les conséquences des élections américaines sur les relations Brésil-Etats-Unis ?

Exit Trump ! Pour nombre de démocrates et de défenseurs de l’environnement, ce qui apparaissait comme un voeu pieux depuis 4 longues années est aujourd’hui une réalité politique. La maison Blanche a changé de locataire. Pour reprendre le titre d’un article du Monde aux accents caustiques, Bolsonaro, celui qui s’autoproclamait le « Trump des tropiques » a perdu son « ami imaginaire » (https://www.lemonde.fr/international/article/2020/11/10/elections-americaines-au-bresil-jair-bolsonaro-perd-trump-son-ami-imaginaire_6059220_3210.html). Son socle et ses certitudes se sont peut-être fissurées. Le même quotidien de reprendre  »  C’est (Bolsonaro) l’un des très grands perdants de la dernière présidentielle américaine. Avec la défaite de Donald Trump, Jair Bolsonaro a perdu d’un coup un modèle, un mentor et son seul véritable allié de poids sur la scène internationale ».  Il est d’ailleurs l’un des rares chefs d’Etat en activité  à n’avoir toujours pas félicité le nouveau président américain Joe Biden pour sa victoire. Certes, Donald Trump continue à jouer la carte de la victoire volée mais le malaise du président est plus profond et remet en cause une partie des luttes dont il a fait sa « marque » de campagne.

Les présidents Jair Bolsonaro et Donald Trump à l’issue d’une conférence de presse conjointe le 19 mars 2019 à la Maison Blanche.

EVAN VUCCI / AP    Un petit tour et puis s’en vont ?

  • Le Codiv19 ? Pour les deux chefs d’Etat, c’est une maladie virale qui tendra à disparaître naturellement aprés immunisation collective de la population. dans les deux pays, les exécutifs régionaux se sont opposés, voire ont désobéi aux politiques officielles en organisant un confinement contre cette « grippette » (Gripezinha dans le texte, selon les dires de Bolsonaro). Résultats : les deux pays sont les plus touchés de la planète en termes de mortalité liée au virus avec respectivement  241 000 et 164 000 morts. 
  • L’Amazonie et la  gestion durable des ressources en général ? Comme Trump, Bolsonaro ne croît pas au réchauffement climatique. Les deux ont tenté de promouvoir les productions locales d’énergie fossile et Bolsonaro s’est fait le chantre de l’exploitation de l’Amazonie. il a encouragé l’extraction minière sur des territoires auparavant protégés. Par nationalisme, il a drastiquement réduit le budget du ministère de l’environnement. Les Cerrados et le Mato Grasso ont été livrés en pâture aux faiseurs de soja OGM. Certes, on peut attribuer au seul président brésilien actuel la prédation perpétré par le Brésil sur ses immenses forêts primaireset sa nature en général (ses prédecesseurs avaient au mieux laissé faire) mais Bolsonaro s’était illustré par l’irresponsabilité de ses propos alors que l’Amazonie était en proie à des incendies de taille inédite et que les effets de la destruction des forêts sur la pluviométrie régionale et le réchauffement climatique sont de plus en plus connus et reconnus par les experts internationaux. Le nouveau président Biden a tancé Donald Trump lors d’un débat télévisé« Arrêtez de détruire la forêt (amazonienne) ! Si vous continuez, vous ferez face à des conséquences économiques significatives » (ibidem). Il a promis la création d’un fonds de 20 milliards de dollars pour sauver le poumon vert de la planète.
  • La politique étrangère et intérieure ? Dans les dossiers les plus sensibles (proche et moyen orient et Cuba, ambassade en Israël), Bolsonaro a écouté la voix de son maître. Il a caressé dans le sens du poil les lobbies évangélistes, agricoles (appelés BBB, acronyme pour « boeufs, bibles, balles »)…Toute ressemblance avec son ami imaginaire ne serait pas purement fortuite…

Pour autant, la chute du maître entrainera-t-elle à coup sûr celle du disciple ? Pour le journaliste du Monde Bruno Meyerfeld (op.citée), rien n’est moins sûr. L’antiaméricanisme affiché (surtout envers des Etats-Unis jugés trop à gauche) de certains Brésiliens, le nationalisme concernant la forêt amazonienne et la complexité d’une opinion brésilienne  sui generis ne saurait présager de manière sûre d’un rejet de Bolsonaro lors des prochaines élections. En Europe même, le populisme semble bien se porter. Pourtant, le retour d’un discours apaisé et mesuré à la tête de la permière puissance de la planète risque d’isoler désormais Bolsonaro. « Avec Joe Biden à la Maison Blanche, ses débordements et ses insultes « se paieront à un prix beaucoup plus élevé à l’étranger », Le trublion brésilien, honni par une partie de la communauté internationale, est désormais une cible de choix, facile à abattre, sans protecteur pour le défendre des attaques »(op.citée). Quel que soit l’issue des urnes au Brésil, les chantiers qui porteront le Brésil au statut de pays développé sont énormes, diminution de la pauvreté, luttes contre les inégalités et le racisme, mise en place d’un système éducatif et de santé de qualité…Ces maux, ces défis sont bien les mêmes que ceux du voisin du nord, à la fois honni, décrié et admiré. Le peuple américain a choisi un ton « nouveau », plus pragmatique et moins clivant. L’infinie sagesse brésilienne l’emporte souvent sur sa déraison…

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