Photo de Benjamin Constant
Source :http://www.museumaconicoparanaense.com
Le Brésil n’est pas avare en paradoxe. Alors que le président actuel, ancien capitaine de réserve, fait l’apologie du régime militaire lors de la période de dictature fasciste (1964-1986) et semble frappé par une paranoïa anticommuniste, il fut un temps où l’armée brésilienne était progressiste et positiviste. C’est cette même armée brésilienne qui a déposé l’empereur Pierre II (Pedro II) et instauré la République en 1889. Un des pairs de cette république, Benjamin Constant, à l’origine de la devise « Ordre et Progrés » était lui-même un officier positiviste. Les idéaux républicains sont cependant anciens au Brésil. L’inconfidencia mineira, menée par Tiradentes la même année que la Révolution française et la conjuration du Pernambouc ou de Bahia étaient déjà influencées par les idées des Lumières et de la Révolution française. Dans les dernières décennies du XIXème siècle, l’armée brésilienne, comme dans tous les pays européens, recrutait ses officers de haut rang dans l’aristocratie. Aprés la guerre du Paraguay, elle avait acquis une certaine reconnaissance par la société brésilienne. Sensibles aux idées progressistes, les officiers s’opposaient de plus en plus ouvertement à l’esclavage et à la corruption sous le règne de Pedro II. Ils voulaient être traités dignement et pouvoir donner leur avis en place publique. La dure répression qui frappait les officiers revendicatifs allait, en 1884, contribuer à la diffusion des idéaux républicains et positivistes dans l’armée. Le colonel Benjamin Constant, positiviste convaincu, professeur à l’école militaire de Rio de Janeiro, oeuvra largement en ce sens. Des officiers de haut rang, comme le maréchal Déodoro de Fonseca allaient se révolter aprés les sanctions prises à l’encontre du lieutenant-colonel Madureira et du colonel Cunha Matos. Dés lors, les derniers remparts d’une monarchie fatiguée et isolée tombait. Un coup d’état « tranquille », dirigé par le maréchal Déodoro da Fonseca, renversait le cabinet impérial le 15 novembre 1889. Le gouvernement provisoire de la République des Etats-Unis du Brésil se mettait en place. Paradoxe encore, les esclavagistes allaient soutenir la République par défaut, pour s’opposer à l’empereur abolitionniste et non par partage des idéaux républicains. Les racines des inégalités noir/blanc et de la violence en général au Brésil sont anciennes et profondes.