L’eau, c’est la vie. Le Brésil au bord de l’apartheid hydrique (autresbresils.net)

Photo : Manifestation dénonçant la privatisation de l’eau – São Paulo – 29/04/2018 © Mídia NINJA (source Autres Brésils)

Cet article d’autres_brésils.net nous montre les risques de la marchandisation de l’eau.

https://www.autresbresils.net/Le-Bresil-au-bord-de-l-apartheid-hydrique

Cette  thématique de l’eau « entre abondance et rareté » n’est pas inconnue des salles de classes puisqu’elle faisait partie du programme de géographie de Seconde. Et le cas du Brésil était montré aux élèves comme un défi, entre Sertao et étendues bleues de l’Amazone et de ses affluents.  Dés les années 70, certaines dystopies comme « Chinatown » de Polanski,  en 1974, mettaient en scène une improbable guerre de l’eau. Désormais, les scénarios rattrapent la fiction. Le film « the corporation » expliquait la privatisation de l’eau à Cochabamba en Bolivie pour répondre aux conditions des Politiques d’Ajustement Structurelles nécessaires à l’obtention d’un prêt auprés de la banque mondiale. De 1999 à 2001, la firme multinationale Bechtel avait obtenu la concession auprés de la ville de Cochabamba et entendait bien rentabilisée son investissement. En pratiquant des tarifs inaccessibles pour la majorité des habitants de la ville et en privatisant même l’eau de pluie,  la firme Bechtel allait déclencher une véritable guerre de l’eau. Désormais, au Brésil, le pays de l’eau, en certains lieux, les canaux d’irrigation sont aussi bien protégés que les banques pour empêcher que certaines personnes ne prélèvent cette substance vitale désormais  devenue privée. Le scénario brésilien n’est plus si éloigné de celui de Bolivie. Et c’est là que le bât blesse, l’eau consommable devrait être accessible à tous, a fortiori dans les pays où elle est disponible en quantité suffisante. On ne parle pas d’eau pour remplir les piscines ou laver les véhicules mais d’eau de boisson, suffisante en quantité et en qualité. Or, le Nordeste des « vidas secas« , celui-là même qui devrait être au coeur des politiques solidaires de partage du bien commun vital, cette eau qui manque si souvent, est au contraire le coeur d’une politique d’exclusion sociale violente. 

« Des éléments insolites marquent désormais le paysage, tels que les canaux d’irrigation qui détournent l’eau du fleuve São Francisco vers les grandes propriétés de cultures fruitières du Nordeste. À Petrolina (Pernambouc – PE), des gardes privés, équipés à la Robocop et bénéficiant de l’appui de drones, se déplacent à moto pour contrôler les canaux afin d’empêcher l’accès à l’eau à la population locale. Les habitants doivent prendre le risque de se rendre furtivement au canal pour étancher leur soif. À Cabrobó (PE) un énorme mur a été érigé en face du canal de la « transposition » [2] du São Francisco. Les agriculteurs qui sont à moins de cent mètres du canal n’y ont plus accès, ni même pour abreuver les quelques chèvres qu’ils possèdent. Ces scènes qui semblent émerger d’une fiction dystopique sont de moins en moins évoquées aujourd’hui dans les médias privés brésiliens » (op.citée).

L’article rappelle également deux défis majeurs en cours : la privatisation de la compagnie nationale d’électricité Eletrobras ainsi que celle de distribution de l’eau et de traitement des eaux usées. La distribution des eaux au Brésil est publique, tout comme la gestion des eaux des barrages, assurée par Eletrobras. Ces deux projets sont en cours d’analyse au Parlement. « Entre plusieurs articles étranges, on trouve un dispositif obligeant les municipalités à accorder au secteur privé le « droit » de faire des offres d’achat des services municipaux d’approvisionnement en eau et d’assainissement » (op.citée). On sait depuis longtemps que la privatisation des services des eaux a des conséquences négatives pour les contribuables : le coût des services s’élève parallèlement à une baisse de la qualité des prestations.

Les mesures qui s’imposent doivent avoir, avec la crise du Covid19, une portée sociale qui seule, pourra permettre aux dizaines de millions de Brésiliens qui vivent dans la précarité d’avoir accés aux services de bases. L’article d’autres-bresils rappelle les conditions sine qua none à cet accès.

« Cela inclut la destruction des murs et le désarmement des milices, la désappropriation des terres des propriétaires qui restreignent l’accès de la population aux cours d’eau qui traversent leurs propriétés. Cela inclut également l’assurance que tous pourront avoir accès aux rivières, lacs et canaux en fonction de leurs besoins réels concernant leur consommation personnelle, le maintien des cultures familiales et l’élevage de leur bétail.

Cela implique particulièrement la mise en œuvre de ce qui n’a jamais été fait : un vaste programme de travaux publics pour dépolluer les rivières urbaines, faire face aux crises hydriques qui frappent des métropoles telles que São Paulo et Rio, rattraper notre retard colossal en matière d’assainissement – tout particulièrement dans les périphéries – et faire de l’eau un bien commun. Ce programme créera des centaines de milliers d’emplois de tout type. Il sera financé avec les ressources d’une réforme fiscale et l’émission de monnaie par l’État, c’est-à-dire, par les mêmes méthodes que celles utilisées pour sauver les banques en temps de crise, mais cette fois-ci en réalisant d’énormes gains sociaux ». (op.citée).

L’eau n’est pas une marchandise comme une autre !

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