http://mapadecultura.rj.gov.br/manchete/projeto-morrinho#prettyPhoto/1/
Les favelas apparaissent souvent comme des zones grises ou des antimondes, selon les conceptions de Roger Brunet. Ce sont souvent des lieux qui vivent selon des codes spécifiques, des lois internes codifiées par les groupes mafieux qui les contrôlent. l’État n’y faisait que de rares incursions, souvent violentes, que le film « troupe d’élite » a rendu visible par delà les frontières du pays. Les gouvernements Lula et Rousseff ont « ouvert » certaines favelas avec les unités de police de pacification. Si les résultats sont mitigés, de plus en plus de cariocas ont redécouvert ces lieux et leur immense richesse humaine. Des associations ont permis de valoriser les potentiels artistiques et intellectuels (dancar para nao dancar, bras na favela…). Le projet Morrinho, à santa Teresa est un exemple d’art naïf qui a permis la valorisation d’une expression artistique originale : des constructions miniatures qui reproduisent l’architecture de la favela avec des matériaux de récupération. Consécration suprême, on peut voir des maquettes du projet au Musée MAR (musée d’art de Rio). Deux frères sont à l’origine de ce projet initié il y a 20 ans déjà dans la favela Pereira da Silva. Au début une simple revendication du droit de se divertir, les activités de construction de leur favela en miniature vont se transformer en une activité organisée et une ONG qui insufflent un réel dynamisme dans cette communauté autrefois exposée à la violence.
Deux projets, entre autre, se sont mis en place sous l’égide de l’ONG : « turismo no Morrinho », avec des visites guidées et des ventes de maquettes réalisées par les artistes locaux et le projet « Morrinho social » avec des cours d’anglais, de photographie et des activités éducatives en lien avec la citoyenneté et l’éducation à l’art. Une télévision y est même née, « TV Morrinho », créée par les cinéastes Fábio Gavião et Markão Oliveira. Elle produit régulièrement des documentaires et des courts-métrages pour les télévisions d’Amérique latine et est présente dans de nombreux festivals. S’il ne faut pas céder à l’angélisme (la violence est certes moindre mais n’a pas disparu, tout comme la pauvreté), ce projet a initié une réelle prise de conscience des habitants de la communauté de leurs capacités et de leur aptitude à faire changer les choses sans tout attendre d’institutions souvent aux abonnés absents. Symboliquement, le « bondinho » monte désormais jusqu’à la favela, montrant qu’elle fait bien partie du quartier de Santa Teresa et qu’on y vient pour voir les habitants de cette communauté.
Tiradentes-géographie 