Le quartier de Santa Teresa est souvent présenté comme le Montmartre carioca.

Ce cliché se double pourtant d’une réelle dimension sociale et politique. C’est un des rares quartiers de Rio où coexistent réellement classes moyennes et habitants des favelas. L’âme bohème est aussi une âme rebelle. Lors de la dernière élection présidentielle, le quartier a voté contre Bolsonaro. Les bars de quartier (botequim, tradition carioca) font encore partie des quelques lieux où échangent, s’entrecroisent noirs et blancs, classe moyenne et populaire. Il ne faut pour autant céder à l’angélisme. Les demeures du dix-neuvième siècle de style français, abandonnées par la bourgeoisie carioca, après le percement des tunnels qui ont facilité le développement des quartiers de la zone sud, sont devenues des pousadas, ou sont désormais propriétés de bo-bo étrangers. Il y a peu de magasins, et les prix pratiqués sont trop élevés pour une partie des habitants. La violence avait fait son retour après les jo de Rio,quand de nombreux bars et restaurants étaient régulièrement victimes de braquages, largement relayées par la presse nationale et internationale. Pourtant, dans de nombreux bars, comme le bar du mineiro, le largo das letras, comme à Saint Germain des prés, on refait le monde entre étudiants, artistes et citoyens engagés. La barbe et les cheveux longs, le look baba-chic restent les atours de touts ceux qui refusent le maire évangéliste, le gouverneur et le président d’extrême droite. Les affiches « Lula livre » et « Marielle presente » (jeune élue de Rio et militante des droits de l’homme assassinée par les milices en 2018) perdurent….comme l’espoir d’un monde meilleur. Le projet artistique « Morrinho », qui fera l’objet d’un article ultérieurement, est une autre expression d’un »autre monde possible »