Source : Joao Gilberto au Carnegie Hall, à New York, en juin 2004. MARY ALTAFFER / AP

Joao Gilberto, père et pair de la Bossa Nova, a remisé sa guitare et ses célèbres costumes croisés. Fils du Sertao Bahianais, où il est né en 1931, Joao Gilberto Prado Pereira de Oliveira aurait appris la musique à l’oreille. Sur les berges du « Velho Chico », le fleuve Sao Francisco qui s’étire avec langueur entre Nord et Sud du Brésil, il n’y pas grand chose à faire pendant les longs épisodes de chaleur, si ce n’est méditer ou gratter quelques accords de guitare.

A la fin des années 40, Il va s’installer à Salvador, capitale de l’Etat de Bahia, avant de s’exiler dans la capitale polique et culturelle d’alors, Rio de Janeiro, où il va faire ses classes au sein des « fils de la lune » (Garotos da lua). Il se fait connaitre en chantant à la radio… et entreprend une première retraite d’on il ne sortira qu’en 1957, aprés avoir retravailler la samba sous un style nouveau qui ne sera reconnu que plus tard sous son nom nouveau : la Bossa Nova. Joao reprend des morceaux des grands noms d’alors, Vincius de Moraes et Tom Jobim, entre autres. http://www.lemonde.fr/disparitions/article/2019/07/06/le-chanteur-bresilien-joao-gilberto-inventeur-de-la-bossa-nova-est-mort-a-88-ans_5486367_3382.html

Profondément amoureux de son pays, il l’est tout autant de son émanation musiciale, la MPB, musique populaire brésilienne, qui envahit progressivement l’Europe et les Etats-Unis, en même temps que la nouvelle vague cinématographique brésilienne, le Cinema Novo, emmené par un autre bahianais, Glauber Rocha.

Le coup d’état militaire de 1964 va pousser Joao à l’exil. Aux Etats-Unis, de sa rencontre avec Stan Getz va naitre son titre le plus connu « The girl from Ipanema », chanté par sa femme Astrud Gilberto. Joao Gilberto va tout au long de sa carrière s’illustrer par son perfectionnisme obsessionnel et par un certain côté incontrôlable. « Il peut changer les horaires des tournées, exiger la présence de son psychanalyste, faire affréter un jet en urgence pour que son médecin assiste à son concert à l’Olympia, à Paris, en 2001. On lui pardonne tout »(op.citée).

Aprés des tournées d’anthologie dans les années 90, Joao Gilberto va s’isoler et deviendra difficile à voir. Sa fille Bebel va le faire placer sous curatelle partielle en 2017 et tentera de protéger son père affaibli, croulant sous les dettes et faisant l’objet de prés d’une dizaine de procès.

L’homme est parti le 6 juillet 2019, le mythe reste.