La marque de baskets franco-brésilienne « Veja » montre-t-elle qu’un autre monde, celui de la mondialisation éthique, est possible ?

Source :https://www.alternatives-economiques.fr//baskets-veja-tiennent-leurs-promesse

La mondialisation est un phénomène inéluctable. Bon an, mal an, elle profite statistiquement à l’ensemble de la planète. L’Indice de Développement Humain (IDH) s’améliore régulièrement. Pourtant, la croissance économique portée par ce phénomène exacerbé d’échanges a un prix social et environnemental qui impacte surtout les pays du Sud et les communautés les plus fragiles des pays du Nord et du Sud. A ce jour, l’homo economicus, souvent occidental, reste un consommateur qui doit subvenir à ses besoins primaires, et secondaires, vitaux et/ou de confort, voire d’hédonisme. Cependant, comme Sacha D, certaines personnes tentent chaque jour de concilier consommation, éthique et développement durable. Consomm’acteurs plutôt que consommateurs tout court. Parce qu’on ne peut concevoir un système production/consommati hommes et l’environnement. C’est bien ce qui anime depuis 15 ans ­Sébastien Kopp, ­cofondateur de la marque de baskets éco-responsables Veja aux côtés de François-Ghislain Morillion. Ces deux jeunes entrepreneurs sont passés par ces « fournisseurs officiels » du CAC40 et des grandes FMN que sont HEC et Dauphine. C’est peut-être leurs premières expériences au sein des grandes entreprises qui leur on fait prendre pleinement conscience qu’un autre monde est possible. Ils l’expliquent sur le site de la marque qu’ils ont créé.

« En 2003, on a 25 ans et on se retrouve tous les deux dans une usine chinoise pour suivre un audit social d’une grande marque de mode. Pendant trois jours, on navigue parmi les ouvrières, elles ont le teint pâle et la mine fatiguée. Mais l’usine est clean, et les conditions sociales y sont plutôt bonnes. Tout se passe bien pendant l’audit, jusqu’à ce qu’on demande au directeur de l’usine de nous ouvrir les portes des lieux de vie. C’est d’abord un refus catégorique. On insiste, on pousse, et finalement la porte s’ouvre.

On se retrouve dans une pièce de 25 mètres carrés où les ouvrières chinoises dorment à 30, dans des lits superposés de cinq étages. Au milieu de la pièce, un trou qui leur sert à la fois de douche et de toilettes.
Ce jour-là, on s’est dit que la mondialisation avait buggé.
On s’est dit que ces ouvrières fabriquaient les vêtements qu’on portait tous les jours. Que nos familles, nos amis portaient tous les jours. Et on a réalisé qu’il y avait un vrai problème ».

https://project.veja-store.com/fr/story/

Une autre expérience en tant qu’audit va confirmer leur appétence pour un modèle économique différent. Tous deux vont travailler pour Tristan Lecomte, fondateur de la marque Alter Eco, un des principaux groupes de commerce équitable en France. Ils vont ainsi aller à l’autre bout de la chaine de production, à la rencontre du petit peuple, des petites mains qu’on ne voit jamais et vont ainsi les repositionner au coeur du process. Ce qui produisent pour les autres doivent pouvoir vivre dignement de leur production.

De là va naitre le projet de baskets Veja. Leur bonne connaissance du Brésil leur a permis rapidement de concevoir une chaine de production, de la matière première (caoutchouc et coton) au filage et à l’assemblage « 100% Brasileira ». les baskets Veja, des chaussures réellement écolos ?

  • Une production respectueuse de l’environnement au coeur du projet

Deux sources de matières principales sont nécessaires : le caoutchouc et le coton.

Le latex, qui donnera le caoutchouc aprés le procédé de vulcanisation, est ici de la sève de l’hévéa brasiliensis, arbre autrefois endémique d’Amazonie. Ce matériau a fait la fortune de la région de Manaus avant que l’exportation illicite de graine d’hévéa vers les colonies anglaises d’Asie ne crée une concurrence qui sera fatale à la production brésilienne. Henry Ford va tenter de développer entre 1928 et 1934 « Fordlandia » un utopique et éphémére projet de plantation d’hévéa sur plus de 10.000 km² das l’Etat du Para pour subvenir à sa propre demande en élastomère. La monoculture d’hévéa à grande échelle s’est révélée catastrophique sur le plan environnemental, les maladies décimant les plans industriels d’hévéas.

source : http://www.acritica.com/channels/entretenimento/news/volte-ao-tempo-conheca-a-historia-do-ciclo-da-borracha-no-museu-do-seringa

Les jeunes dirigeants de Veja ont opté pour l’achat de caoutchouc sauvage à des communautés de seringueiros (exploitants forestiers « saignant » les hévéas pour en retirer le précieux liquide) qui exploitent ces arbres de manière traditionnelle, en promouvant l’agroforesterie et la biodiversité (voir photo ci-dessus)

Segundo Embrapa, clima seco do semiárido favorece o cultivo. Foto: Tatiana Cardeal/Divulgação (Foto: Tatiana Cardeal/Divulgação)

http://www.diariodepernambuco.com.br/app/noticia/economia/2019/02/03/internas_economia,775975/algodao-organico-na-rota-do-nordeste.shtml Foto: Tatiana Cardeal/Divulgação

Ils ont également fait le choix de n’acheter que du coton bio provenant de petites entreprises familiale du Nordeste, alors qu’une grande partie du coton brésilien est OGM. Le coton bio s’adapte naturellement au climat semi-aride de la région (voir photos ci-desuus).

Pour ces deux produits essentiels, le choix s’est fondé sur des motivations environnementales certes mais également sociales. Les grandes exploitations agricoles (latifundios) d’Amazonie et du Nordeste sont malheureusement encore trop souvent des lieux où le travail esclave est fréquent et les conditions sociales désastreuse.

Enfin, le tissage et l’assemblage finaux sont faits respectivement dans des usines de la banlieue de Sao Paulo et à Porto Alegre, lieux où la tradition syndicale a permis des améliorations conséquentes des conditions de travail et des prestation sociales des entreprises. Si les salaires restent inférieurs aux salaires des pays du Nord, la marque Veja verse des salaires supérieurs de 30% au salaire minimum brésilien, avec 4 semaines de congés payés et des week-ends chômés (op.citée). Le choix d’une production brésilienne plutôt que chinoise impacte forcément le côut de production (18 euros 21 contre 5 euros 30, op.citée), mais ce choix est volontaire est assumé.

Les baskets sont ensuite envoyés par porte-conteneurs où elles sont conditionnées par des employés d’un centre d’insertion sociale d’Ateliers sans Frontière, fournie en électricité verte par Enercoop (op.citée).

Malheureusement, la Realpolitik économique ne permet pas à ce jour, comme en conviennent les deux dirigeants, de mener à bien un projet 100% développement durable.

Quelques lectures supplémentaires sur la marque « Veja »

http://www.femininbio.com/beaute-mode/actualites-nouveautes/6-paires-baskets-ethiques-solidaires-92058

http://www.consoglobe.com/marques-chaussures-ecologiques-cg/2

http://www.what-ilike.com/16608-veja-sneakers-ethique

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