Faut-il y voir un funeste signe avant-coureur du Brésil de demain ? L’incendie du musée national de Rio a provoqué les pleurs et la colère de milliers de Brésiliennes et de Brésiliens qui ont conspué le ministre de la culture, venu sur place constaté l’étendue des dégâts et leur irréversibilité. Un des plus riches fonds culturels et artistiques du Brésil a été soustrait à tout jamais à l’humanité et au peuple brésilien.
Source : Agence Reuters
Cet établissement symbolisait de plus le rayonnement de la culture et de la recherche en sciences humaines et en sciences de la vie et de la terre brésiliennes. Le centre de recherche hébergeait des anthropologues, des botanistes, des géologues et des paléontologues, chercheurs, enseignants-chercheurs ou étudiants-chercheurs, au sein de ses nombreuses écoles doctorales. Pourtant, à l’échelle d’un pays comme le Brésil, les dépenses nécessaires au bon fonctionnement du musée, 525000 réals, étaient dérisoires. Cela représente à peine les émoluments mensuels de trois sénateurs. Ce sont bien pourtant les musées qui ont fait les frais de la politique d’austérité du gouvernement Temer. Le musée national de Rio, depuis plusieurs années déjà laissé à l’abandon, était devenu l’illustration d’un pays en crise et en déliquescence. Le mépris de la culture, la Res Publica du plus grand nombre, signifiait hier pour beaucoup le mépris du peuple. La plus vieille institution du Brésil, créée en 1818 par l’empereur Dom Joao VI, était symboliquement le palais où fut signé l’indépendance du Brésil. C’est bien peut-être une partie de l’indépendance du peuple, dans son acception intellectuelle, telle que les positivistes ou Lula la concevaient, qui est partie hier en fumée.