Cet article du Monde part de l’assertion que les gouvernements Lula et Rousseff participaient d’une expérience populiste. Populiste, car cette « aventure » ne reposait que sur des alliances du moment, quelquefois contre-nature. Pourtant, on peut nier un indéniable recul de la pauvreté et une amélioration des conditions de vie des plus pauvres. D’aucuns diront que cela ne serait que la résultante d’un tour de passe-passe, celui de la bolsa familia. En permettant aux plus nécessiteux de bénéficier d’aide financière sous condition de scolarisation et de vaccination des enfants, l’Etat brésilien permettait mécaniquement le passage de nombreuses personnes du statut de grande pauvreté à celui de pauvre. Si on ne peut nier un clientélisme inhérent au fonctionnement des institutions politiques, on ne peut oublier les mesures qui ont permis aux plus fragiles de recouvrer leur fierté d’hommes « libres », c’est à dire affranchi de l’indigence de la faim et de l’illettrisme. Les lois sur l’environnement propulsaient le Brésil vers le banc des grands nations les plus innovantes en termes de développement durable. S’il est vrai que le changement, en à peine plus d’une décennie ne s’apparentait pas à une transformation anthropologique en profondeur, il a permis cependant de montrer que les inégalités brésiliennes n’étaient pas figé dans le marbre de l’histoire. L’expérience actuelle montre la capacité du Brésil à s’auto-detruire… puisse-t-elle rappeler sa propension à se reconstruire en permanence tel un veritable laboratoire social.
« Le Brésil, possible laboratoire mondial du néo-libéralisme autoritaire »
https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/09/02/vladimir-safatle-le-bresil-possible-laboratoire-mondial-du-neo-liberalisme-autoritaire_5505317_3232.html
via Le Monde