« Le géant s’est réveillé ». Ces quelques mots scandés par les manifestants contre les dépenses liées aux JO de Rio semblaient répondre quelques décennies plus tard aux propos apocryphes d’hommes d’Etat français (attribués par certains à Clémenceau, par d’autres au général De Gaulle) gaussant un Brésil hédoniste et peu industrieux. Pourtant, regrets peut-être de l’échec de l’éphémère France antarctique et de la perte à tout jamais des mystérieuses amazones, les regards croisés entre la France et le Brésil sont aussi riches qu’anciens. Depuis Jean de Léry et André Thevet, en passant par la mission culturelle française, le père du structuralisme Lévi-Strauss ou encore Fernand Braudel, les Français ont été à la fois influents en Terra Brasilis, tout comme ils ont été profondément marqués par elle en retour. Si la devise positiviste du pays s’écrit désormais en portugais, si la langue de Molière n’est plus l’apanage des intellectuels brésiliens, la didactique de l’enseignement secondaire reste aujourd’hui encore très proche du modèle français. Le Brésil d’aujourd’hui est un laboratoire social, géographique et écologique. L’avant-gardisme artistique, environnemental, social et politique (Porto Alegre et Curitiba sont les étendards de la démocratie participative) y côtoie souvent l’arbitraire, le sous-développement et la violence institutionnalisée. Pour reprendre le titre d’un ouvrage de Roger Bastide, cette terre de contraste est une des plus riches et des plus belles rencontres que le monde puisse proposer. Ce pays « anthropophage » comme aime à l’appeler, non sans humour, le géographe Hervé Théry, ne phagocyte plus aujourd’hui les corps mais les esprits curieux et humanistes. Il est difficile d’en partir.
Un site prometteur ….
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